Aperçu des nouvelles
Articles d'opinion

La crise cachée des enfants sans accès à la thérapie de la douleur

Pièce d'opinion de Raffaella Ravinetto, Aaron Nshindi Tshilengi et Anselme Mubeneshayi Kananga dans le magazine MO*.
Hand holding pain killers

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la possession du meilleur état de santé possible constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain. Pour l’atteindre, il faudrait que tout le monde avait accès à tous médicaments et vaccins essentiels. Pourtant, ceci est encore un droit niée pour au moins deux milliards  de personnes, principalement dans les pays a revenues moyennes et baisses.

Beaucoup a été dit sur les déséquilibre entre le ‘nord’ et le ‘sud’ du monde en matière d’accès aux médicaments et vaccins pur des maladies infectieuses qui peuvent être contrôlées ou prévenues, telles que le SIDA et le COVID19. Mais généralement on ignore le déséquilibre, pourtant frappant, qui existe dans l’accès aux analgésiques opioïdes, tels que la morphine. Ceux-ci sont essentiels pour soulager la douleur grave, qu’il soit dans le cadre des soins chirurgicales, oncologiques, palliative et d’urgences, ou pour répondre aux besoins aigues des blessés au milieu d’une guerre ou d’une catastrophe naturelle. Cependant, la plupart de ceux qui ont en besoin de ces médicaments, n’y ont pas accès. L’Organisation Mondiale de la Santé, dans le rapport « Left behind in pain » publié en 2023, n’a pu que reconnaitre que le 80% de la morphine a usage médical est utilisé en Europe et Amérique du Nord, tandis que le restant 20% est gravement insuffisant pour répondre aux besoins des patients dans le reste du monde. Cette manque d’accès est due à plusieurs causes, dont le manque de formation et la faiblesse de certaines systèmes pharmaceutiques locales, mais elle est aussi un effet collatéral de la ‘guerre contre la drogue’: on adopte souvent des politiques de lutte très restrictives pour les médicaments sujets aux abus et usage illégal, en réduisant ou empêchant par conséquence l'accès pour des raisons médicales légitimes et urgentes.  

Par exemple, une étude menée par l’Institut de Medicine Tropicale d’Anvers, l’ONG congolaise Pallia Familli et l’Agence Congolaise pour la Règlementation Pharmaceutique (ACOREP) a montré  des graves carences dans la disponibilité de morphine en République Démocratique du Congo. Bien souvent, la morphine n’est pas disponible à niveau hospitalier, et ce sont les familles du malade qui doivent ‘se débrouiller’ pour (peut-être) finalement repérer et acheter le produit dans le secteur privé, ou même dans le marché informel. La situation pourrait être encore plus grave chez les enfants. En République Démocratique du Congo (RDC), on se fait des soucis en particulier pour les enfants qui souffrent de drépanocytose, une maladie génétique très répandue en Afrique Subsaharienne. Le pays a le plus haut nombre au monde des drépanocytaires avec le ‘haplotypes Bantu’, la forme clinique la plus sévère. Ces patients sont frappés par des crises hématologiques qui causent un risque transfusionnel important, une forte susceptibilité aux infections, et des crises vaso-occlusives, source de douleur intense. Celle-ci exige souvent le recours immédiat à des antalgiques forts. La référence demeure la morphine, mais sa disponibilité et bonne utilisation chez les enfants sont très peu documentées. Il est moralement impératif de se pencher sur les besoins de ces enfants. Dans ce but, la Coopération Belge au Développement va financer en 2024 une nouvelle recherche, aussi confié à l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers (IMT), Pallia Familli et ACOREP. Les résultats de la recherche pourront orienter une révision des politiques de règlementation, approvisionnement, prescription et suivi clinique, afin de permettre une thérapie de la douleur adéquate et ponctuelle chez les enfants en RDC.

Au-delà de la RDC, le problème de l’accès aux antalgiques forts est généralement négligé par les bailleurs actifs dans la santé globale, qui donnent la priorité à la prévention et au traitement des maladies, perdant de vue une vision holistique des personnes. La Belgique, par contre, adresse ce besoin en  thérapie de la douleur, notamment en Afrique, localement à travers la formation de personnel soignant et la recherche, et internationalement en promouvant un accès équitable dans les fora de santé globale, et en mobilisant des acteurs qui représentent le point de vue des autorités internationales compétentes, ainsi que des organisations de la société civile internationale et européenne. Par exemple, en RDC, il y a une collaboration très active parmi  le Ministère Fédéral de la Santé, l’IMT,  Pallia Familli, ACOREP et des jeunes chercheurs congolais, soutenue par des experts tels que l'Ambassadeur Ghislain D'Hoop, ancien président de la 65ème session de la Commission des Stupéfiants auprès des Nations Unies.

Dans ce cadre, un événement s'est tenu à Bruxelles le 14 et 15 novembre, organisé par le Département de Santé Publique et par Coopération Belge au Développement, avec le soutien de l'Organisation des Nations Unies contre le Drogues et le Crime.

‘Kinderen lijden in stilte onder het gebrek aan pijnmedicatie.’ (n.d.). MO*. https://www.mo.be/opinie/kinderen-lijden-stilte-onder-het-gebrek-aan-pijnmedicatie

Faites passer le mot ! Partagez cette nouvelle sur

Nouvelles similaires