Collectivisme microbien: une avancée majeure dans la recherche sur la Leishmaniose

Dans une étude précédente, les parasitologistes moléculaires de l’IMT ont séquencé le génome de différentes souches de leishmanie isolées de différents patients souffrant de la leishmaniose. Ceci impliquait le séquençage massif et simultané des millions de cellules composant chaque souche. Ainsi, les chercheurs avaient démontré que chaque population de cellules différait par leur nombre moyen de chromosomes. Chez les humains, les chromosomes vont toujours par paires et les variations du nombre de chromosomes sont associées à des maladies comme le cancer ou des handicaps comme le syndrome de Down. Pour les parasites, cette capacité de modifier le nombre de chromosomes est avantageuse.
Un kit de survie contre les médicaments et les vaccins
Dans leur étude, financée par le Département Flamand d’Economie, Science et Innovation, les chercheurs de l’IMT sont allés un pas en avant. Gabriel Negreira, doctorant brésilien et premier auteur de l’étude dit: “En utilisant une technologie ADN révolutionnaire, appelée séquençage génomique de cellules uniques, nous avons été capable de séquencer chaque cellule séparément au sein d’une population.” Les auteurs ont trouvé que dans la population cellulaire, les cellules étaient très différentes l’une de l’autre. Ce phénomène s’appelle aneuploïdie mosaïque. "La question évidente est de savoir pourquoi l’aneuploïdie mosaïque survient si rapidement chez des parasites dérivés d’une cellule unique », ajoute la Dr Malgorzata Anna Domagalska, responsable de ce projet de recherche. "Nous pensons que chacune de ces cellules contient un kit chromosomique de survie face à un type de stress environnemental. Si un certain stress survient, par exemple une exposition à un médicament, la population de cellules peut disparaitre entièrement à l’exception de la cellule qui contient le bon kit de survie et qui par la suite peut régénérer une nouvelle population. La population plus importante que l’individu, une sorte de collectivisme microbien,“ rajoute-t’elle. L’aneuploïdie mosaïque montre à quel point les parasites peuvent varier et comment ils peuvent échapper aux médicaments et aux vaccins. « Nous, scientifiques, devons être créatifs et entreprendre la prochaine étape dans la course à l’armement contre ces parasites intelligents. Entre autres, nous espérons dans le futur de parvenir à comprendre les mécanismes du mosaïcisme et à les bloquer. Ceci pourrait ouvrir des pistes vers de nouveaux médicaments”, conclut le Prof Jean Claude-Dujardin, chef de l’unité de Parasitologie Moléculaire de l’IMT.
Les maladies négligées sont parmi les premières priorités de l’agenda de l’IMT
La leishmaniose est une maladie infectieuses causée par un parasite qui est transmis par la piqure du phlébotome. Les conséquences sont mortelles ou stigmatisantes. La maladie affecte 300,000 personnes chaque année, dans au moins 88 pays y compris l’Europe du Sud. Ainsi, la leishmaniose est une des maladies parasitaires les plus graves après la malaria. A ce jour, il n’a pas de vaccins et très peu de médicaments. La leishmaniose fait partie des ‘maladies négligées’, un groupe de 20 maladies infectieuses comprenant entre autres la maladie du sommeil et la rage et qui surviennent surtout dans les pays en voie de développement et affectent essentiellement les individus vivant dans la pauvreté et de mauvaises conditions hygiéniques. A l’IMT, les maladies négligées sont au top de l’agenda. L’IMT entreprend des activités de recherches cliniques, épidémiologiques et bio-médicales pour lutter contre ces maladies.
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