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IMT et Action Damien lancent une nouvelle étude pour lutter contre la lèpre

La lèpre est encore très courante aux Comores.
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L’île d’Anjouan, dans les Comores, un archipel de l’océan Indien, enregistre une incidence annuelle de cas de lèpre de 7,4 pour 10 000 habitants, soit 24 fois plus que la moyenne mondiale. Dans le cadre du suivi de l’étude PEOPLE, qui s’était penchée sur l’effet du traitement préventif (une dose unique de rifampicine comme « prophylaxie post-exposition », ou PEP) chez 110 000 personnes, l’IMT, Action Damien et Janssen Pharmaceutica lancent désormais l’étude BE-PEOPLE. Dans cette nouvelle étude, l'association de la bédaquiline avec la rifampicine sera testée comme prophylaxie contre la lèpre. La bédaquiline est actuellement utilisée avec succès pour traiter la tuberculose multirésistante. À noter que les bacilles responsables de la lèpre et de la tuberculose sont très proches, ce qui permet d’envisager l’utilisation de la bédaquiline chez les patients atteints de la lèpre.

Pendant quatre ans, les personnes vivant dans des villages affichant des taux élevés de lèpre seront invitées à subir un examen cutané annuel, afin de détecter des lésions suspectes de lèpre, et recevront un traitement curatif le cas échéant. Les personnes n’ayant pas contracté la maladie, mais qui ont côtoyé des patients atteints de la lèpre, se verront proposer une PEP afin de réduire le risque de développer eux-mêmes la lèpre. Dans certains villages, une PEP composée d’une dose unique de rifampicine sera proposée, comme recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), tandis que dans d’autres villages, la rifampicine sera associée à une dose unique de bédaquiline. La première étude est un essai clinique de phase 2 portant sur un groupe de 300 personnes étroitement surveillées afin de détecter les éventuels effets secondaires.  Si aucun problème n’est détecté, l’étude passera en phase 3 et sera déployée auprès de plus de 124 000 personnes aux Comores.

Depuis 2018, l’IMT et Action Damien mènent des recherches sur l’incidence élevée de la lèpre aux Comores via l’étude PEOPLE, financée par EDCTP2. Cette étude portait sur les effets d’une PEP basée sur de la rifampicine administrée uniquement aux personnes ayant des contacts étroits avec des patients souffrant de la lèpre. L’étude est toujours en cours, mais les résultats préliminaires ne montrent pas la diminution importante espérée du nombre de nouveaux cas de lèpre. Et ce alors qu’en 2018, l’OMS a présenté la PEP avec rifampicine comme le moyen d’éradiquer la lèpre d’ici 20 ans. Une situation qui a poussé les partenaires à rechercher d’autres options pour la prophylaxie post-exposition de la lèpre.

Le Pr Epco Hasker, chef de l’Unité des Maladies mycobactériennes et des Maladies tropicales négligées de l’IMT, explique : « Nous espérons avant tout une forte diminution du nombre de nouveaux cas de lèpre parmi les personnes qui ont reçu la PEP renforcée à la bédaquiline. Nous espérons en outre un effet sur la transmission de la lèpre au niveau du village, mais les résultats pourraient prendre plus de temps à se matérialiser, car la période d’incubation de la lèpre est très longue. Si la nouvelle formule PEP montre son efficacité aux Comores, celle-ci pourrait devenir la clé de l’éradication de la lèpre dans d’autres pays de forte endémie. La communauté scientifique qui se consacre à la lèpre attend avec impatience les résultats de cet essai clinique. »

L’étude est menée par l’IMT et Action Damien et son partenaire, le Programme national de Lutte contre la Lèpre et la Tuberculose aux Comores, et financée par Janssen Pharmaceutica, qui met également à disposition la bédaquiline, la substance étudiée. Parmi les autres partenaires, on compte le Centre médical de l’Université de Leiden (LUMC) et le Netherlands Heart Institute à Amsterdam.

Lutter contre la lèpre sur tous les fronts

En 2021, l’IMT et Action Damien ont également lancé une autre étude de suivi intitulée « Social Network Analysis of Leprosy », financée par le Département Économie, Science et Innovation du gouvernement flamand (EWI). Celle-ci complète les données provenant de l’étude PEOPLE par l’analyse des réseaux sociaux. Dans cette étude, les chercheurs en sciences sociales étudient des villages entiers en combinant des méthodes de recherche qualitatives et quantitatives. La compréhension des modes de transmission de la lèpre permettra aux chercheurs d’identifier les personnes qui bénéficient le plus du dépistage de la lèpre ou de la PEP dans le réseau social du patient, et pas uniquement parmi les contacts proches du patient. Ils pourront ainsi formuler des recommandations concrètes pour améliorer les efforts en matière de prévention et de contrôle de la lèpre aux Comores, et des recommandations plus généralisables pouvant bénéficier à la lutte contre la lèpre au niveau mondial.

Action Damien

« L’essai BE-PEOPLE est porteur d’espoir pour les personnes aux Comores qui présentent un risque de développer la lèpre, en particulier à Anjouan où la lèpre est perçue comme faisant partie intégrante de la vie quotidienne, étant donné son omniprésence. Cela permettra de protéger les plus vulnérables, les enfants, qui représentent un tiers des personnes touchées par la lèpre, afin que, espérons-le, ceux-ci ne développent jamais la maladie », explique le Dr Nimer Ortuño-Gutiérrez, coordinateur de recherche à l’Action Damien.

Janssen Pharmaceutica

« Depuis des milliers d’années, la lèpre touche les communautés. Son éradication restait cependant hors de portée. L’essai BE-PEOPLE constitue une nouvelle étape : il s’agit d’explorer le potentiel des nouveaux outils afin d’identifier un outil de lutte potentiellement plus court et plus efficace, offrant aux communautés touchées par la lèpre un nouvel espoir pour l’avenir. » Ruxandra Dragha-Akli, MD PhD, Global Head, Global Public Health R&D, Janssen Research & Development, LLC.

Qu’est-ce que la lèpre ?

La lèpre, ou maladie de Hansen, est une infection bactérienne causée par un bacille appelé Mycobacterium leprae. Elle se transmet via les voies respiratoires par des gouttelettes produites lors de la toux ou d’éternuements, ce qui cesse rapidement lorsque les patients reçoivent un traitement. Chaque année encore, plus de 210 000 nouveaux malades de la lèpre sont diagnostiqués dans le monde, en particulier dans les pays à revenu faible ou moyen, tandis qu'un plus grand nombre de patients ne sont pas diagnostiqués. La lèpre n’est pas mortelle, mais elle provoque des stigmates à vie. Les symptômes se manifestent souvent par une perte de sensibilité des mains et des pieds, ce qui entraîne des plaies, des infections et des déformations. La cécité est également une complication fréquente. La maladie pèse considérablement sur le bien-être mental des patients et de leurs familles. Ceux-ci sont confrontés à la discrimination et à l’exclusion, et redoutent donc souvent le diagnostic. Le bacille de la lèpre a été découvert en 1873 en Norvège. Même si la lèpre avait pratiquement disparu de Norvège en 1920, aujourd’hui, plus d’un siècle plus tard, d’autres pays luttent toujours pour contrôler la maladie.

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