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Que disent vos selles ? La PCR peut accélérer le diagnostic des maladies du voyageur

Un meilleur diagnostic grâce à une meilleure analyse des selles
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Diarrhées, douleurs abdominales et nausées sont les principales raisons pour lesquelles les voyageurs frappent à la porte de la clinique de voyage de l'Institut de médecine tropicale après leurs vacances. L'infectiologue Caroline Theunissen reçoit presque tous les jours des patients souffrant de troubles gastro-intestinaux. "Pourtant, nous n'en connaissons pas toujours les causes exactes", explique-t-elle.

C'est ce que l'étude Travelstool vise à changer. Une analyse plus précise des selles peut conduire à un diagnostic meilleur et plus rapide. Le diagnostic des troubles gastro-intestinaux dépend de plusieurs facteurs : la destination du voyage, le régime alimentaire, les conditions locales et les symptômes. Y a-t-il des vomissements, des diarrhées ou les deux ? Et depuis combien de temps les symptômes durent-ils ? Sur la base de ces éléments, les médecins et les techniciens de laboratoire recherchent une cause bactérienne, virale ou parasitaire, mais cette recherche est souvent laborieuse.

Caroline-theunissen Caroline Theunissen

De la vision à la compréhension

Nous disposons d’un laboratoire de parasitologie très bien équipé et d’une expertise impressionnante dans la détection des parasites tropicaux et des infections par les vers. « Mais pour les causes bactériennes et virales de la diarrhée, nous nous heurtons, comme beaucoup de laboratoires, aux limites des diagnostics actuels. »

Jusqu’à présent, nous ne testons qu’un nombre limité de bactéries, telles que Salmonella, Shigella, Campylobacter et Yersinia. Nous pouvons les cultiver sur des milieux de culture spéciaux, mais cela prend du temps : 48 à 72 heures avant d’obtenir un résultat. De plus, la culture n’est pas toujours concluante : un résultat négatif ne signifie pas nécessairement qu’il n’y a pas d’infection. La situation est encore plus délicate pour les virus, qui se prêtent difficilement à la culture. « Sans la PCR, ils passent inaperçus. »

La solution ? La technologie PCR est une méthode qui permet de détecter rapidement le matériel génétique des agents pathogènes, bien plus vite que les techniques de culture classiques. « On obtient déjà des résultats dans la journée », explique Caroline Theunissen. « Cela peut vraiment faire la différence. »

Travelstool Laboratoire de référence clinique

L'étude Travelstool

Pour tester l’importance de cette différence, notre clinique de voyage a mis en place l’étude Travelstool. Les personnes qui se présentent avec des symptômes gastro-intestinaux et qui acceptent de participer à l’étude sont affectées à l’un des deux groupes par le laboratoire.

Dans les deux groupes, les selles sont examinées à l’aide de techniques conventionnelles et du test PCR rapide. Cependant, dans un des groupes, le médecin traitant voit immédiatement les résultats de la PCR, ce qui n’est pas le cas dans l’autre.

« Nous pourrons ainsi déterminer si la connaissance des résultats de la PCR influe sur le traitement », explique Caroline Theunissen. « Les patients se voient-ils prescrire plus ou moins d’antibiotiques ? Sont-ils mieux suivis ? Et, en fin de compte, se rétablissent-ils plus rapidement ? »

Pour mesurer ce dernier point, les chercheurs ont appelé tous les participants trois semaines plus tard. Les symptômes ont-ils disparu, diminué ou persisté ?

Traiter plus rapidement et plus précisément avec moins d'antibiotiques

On espère que la nouvelle approche sera non seulement plus rapide, mais aussi plus ciblée. « Aujourd’hui, nous voyons souvent des patients pour lesquels nous ne trouvons pas de cause claire », explique Caroline Theunissen. « Avec la PCR, nous avons beaucoup plus de chances d’obtenir une image plus précise. Mais cela peut aussi créer des pièges : plus on détecte de pathogènes, plus on est tenté d’administrer des antibiotiques, même s’ils ne sont pas nécessaires. » Il s’agit d’une préoccupation importante, car il n’est pas toujours nécessaire de traiter les affections abdominales causées par des bactéries. Le traitement dépend du profil du patient, du type de bactérie et de la gravité des symptômes. Les antibiotiques ne sont pas non plus efficaces contre les virus courants.

L’étude pourrait donc non seulement aider les voyageurs à se rétablir plus rapidement, mais aussi contribuer à la lutte contre la résistance aux antibiotiques. « Mieux les médecins savent ce qu’ils traitent, plus ils peuvent prescrire de manière ciblée et modérée », déclare Caroline Theunissen.

Comme il s’agit d’une étude prospective, qui recueille des données auprès des sujets sur une certaine période, les chercheurs ne sont pas autorisés à communiquer les résultats intermédiaires. Cela permet d’éviter d’influencer le comportement des médecins. « Ce n’est qu’après la fin de l’inclusion, en 2026, que nous pourrons analyser les données », précise Caroline Theunissen. « Mais les attentes sont élevées. »

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