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Le moustique invasif du paludisme arrive dans les villes de la Corne de l'Afrique

Le dimanche 25 avril est la journée mondiale de lutte contre le paludisme. Le moustique du paludisme Anopheles stephensi, que l'on trouvait à l'origine dans les villes d'Asie du Sud, fait son chemin vers les villes de la Corne de l'Afrique.
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Les moustiques et les infections qu'ils véhiculent voyagent eux aussi le long des routes commerciales et s'installent dans des villes en constante expansion. Aujourd'hui, Anopheles stephensi, le moustique du paludisme originaire des villes d'Asie du Sud, est arrivé dans les villes de la Corne de l'Afrique. L'Institut de Médecine Tropicale (IMT) d'Anvers participe à un projet de recherche interdisciplinaire en vue de cartographier les facteurs sociaux et environnementaux influençant la propagation du moustique du paludisme Anopheles stephensi au Soudan et en Éthiopie. La Liverpool School of Tropical Medicine (LSTM) dirige le projet Controlling Emergent Anopheles Stephensi in Ethiopia and Sudan (CEASE), pour lequel elle a reçu un financement du Wellcome Trust.

Anopheles stephensi est un moustique invasif du paludisme que l'on trouve principalement dans les zones urbaines du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud. Entre 2000 et 2010, le moustique a suivi le transport de marchandises vers la péninsule arabique et a atteint la Corne de l'Afrique. La nouvelle source d'infection pour l'Afrique a été identifiée après une épidémie inhabituelle dans la ville de Djibouti. Si le vecteur s'adapte bien à l'environnement urbain dans ce nouveau cadre, les populations locales courent un risque élevé. Le département de Biologie vectorielle du LSTM dirige une équipe interdisciplinaire de biologistes, d'épidémiologistes, de mathématiciens, géostatisticiens et spécialistes des sciences sociales. Répartis en groupes de travail entomologiques, épidémiologiques et des sciences sociales, les chercheurs veulent cartographier la propagation et l'itinéraire du moustique dans le cadre du projet CEASE.

126 millions de personnes supplémentaires en danger

Le programme de travail en sciences sociales, dirigé par le groupe Recherche sur la santé socio-écologique de l'Institut, vise à comprendre comment des facteurs sociaux et environnementaux influencent la propagation du moustique dans cette région spécifique. En Afrique, le paludisme est principalement une maladie rurale, car les espèces locales de moustiques vecteurs du paludisme ne sont pas bien adaptées aux environnements urbains. Mais le moustique asiatique s'est adapté au nouvel environnement urbain africain et on estime que 126 millions de personnes supplémentaires sont potentiellement exposées au risque de paludisme. « Il est essentiel de concevoir et de tester des stratégies multisectorielles de lutte contre le vecteur qui sont adaptées au nouveau contexte urbain », explique Fatou Jaiteh, chercheuse à l'IMT.

Interaction des facteurs écologiques, sociaux et architecturaux

Les villes sont des environnements dynamiques, tant sur le plan social que sur le plan architectural. C'est la population qui façonne et détermine l'espace. En agissant de manière innovante sur l'interaction entre les facteurs écologiques, sociaux et même architecturaux, il est possible de lutter contre des maladies telles que le paludisme. « C'est pourquoi nous menons des travaux sur le terrain avec des chercheurs locaux : pour découvrir quels sont les lieux de reproduction du moustique et où se produisent les infections. Ce faisant, nous impliquons tous les intervenants, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du secteur de la santé : la population, le secteur agricole, de la santé, des transports, etc. », explique la chercheuse Fatou Jaiteh.

Dans des phases ultérieures de l'étude, les chercheurs déterminent l'efficacité des stratégies de lutte existantes et nouvelles et modélisent l'effet sur la santé publique et le rapport coût-efficacité des différentes stratégies émergentes de lutte contre le vecteur. 

« Si cette espèce invasive vectrice du paludisme s'établit sans action rapide, cela aura d'énormes répercussions sur la morbidité et la mortalité dans la corne de l'Afrique. Ce problème complexe nécessite une approche socio-écologique complexe. Réunir des intervenants de différents horizons de la société nous permet d'avoir une meilleure idée de la manière de travailler ensemble à des solutions impliquant toutes les parties », explique le professeur  Koen Peeters de l'IMT et chercheur principal de cette étude en sciences sociales.

"L'Afrique a le taux d'augmentation de l'urbanisation le plus élevé de tous les continents et l'ONU estime que 58% de la population vivra dans des zones urbaines d'ici 2050. Un moustique paludéen adapté aux villes pourrait faire des ravages sur tout le continent si on le laisse se propager", prévient le Dr Anne Wilson, codirectrice du projet CEASE.

Le moustique du paludisme, l'animal le plus meurtrier de la planète

Le paludisme est la maladie tropicale la plus tristement célèbre, qui fait encore plus d'un demi-million de victimes chaque année. Le moustique qui transmet cette maladie parasitaire est donc l'animal le plus meurtrier de la planète. En intervenant sur les chaînes biologique, humaine et sociale, l'IMT contribue à contrôler le paludisme. L'Institut dispose d'un nouvel insectarium qui abrite un large éventail d'insectes, des moustiques tigres et vecteurs du paludisme aux mouches des sables. L'espace de recherche offre de nombreuses possibilités de travail interdisciplinaire. Cela permet d'encore mieux étudier les maladies tropicales et les vecteurs qui les transmettent.

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