Rapprocher les générations : un héritage philanthropique pour la santé mondiale

Vous avez joué un rôle important dans la volonté de Firmin de léguer son patrimoine à l'IMT. Comment avez-vous été associé à l'Institut ?

Mes contacts avec l'IMT remontent au début des années 1980, lors de ma première rencontre avec Peter Piot, Marie Laga, Guido van der Groen et Bob Colebunders. J'ai rencontré certains d'entre eux à Nairobi et d'autres dans le cadre de mon travail au Projet SIDA avec les CDC, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies.

Lors de notre rencontre du 20 septembre, nous avons appris que la philanthropie est une tradition profondément ancrée dans votre famille.

C'est surtout Firmin De Waele qui y était favorable, surtout après avoir perdu sa fille en 1972 et sa femme en 2001. Quelques années après la mort de Loulou, Firmin m'a confié son intention de faire un don en l'honneur du travail que je faisais dans le domaine de la santé mondiale. Je travaillais pour le CDC à l'époque et nous avons d'abord envisagé de créer la Fondation du CDC. Mais nous sommes arrivés à la conclusion qu'il serait plus facile de faire un don à l'IMT. J'ai conseillé à Firmin de rencontrer Marie Laga afin de se forger une idée de l'impact du travail de l'IMT, ce qui l'a immédiatement impressionné. Après sa conversation avec Marie, il était convaincu que l'IMT méritait son soutien.

Le don de Firmin a également été à l'origine du programme de collecte de fonds de l'IMT. Ce programme comprend une lettre d'information bimensuelle destinée aux parties intéressées, qu'elles soient ou non des donateurs, ainsi que des opportunités pour les entreprises et les partenaires sociaux (fondations, partenaires philanthropiques) d'investir dans l'impact social et la collaboration avec la communauté de recherche de l'IMT. Que pensez-vous de ce large éventail de possibilités de collaboration philanthropique avec nous ?

Il est primordial d'établir une stratégie globale de collecte de fonds. La responsabilité sociale des entreprises joue un rôle important dans la philanthropie, mais la participation des partenaires commerciaux doit toujours être envisagée avec précaution. Une séparation claire entre les intérêts commerciaux et la philanthropie est cruciale afin d’éviter toute perception de conflit d'intérêts. Un conseil juridique est certainement nécessaire dans ce cas, car il faut un pare-feu entre les affaires et la philanthropie. Y a-t-il des entreprises dont vous ne voulez pas recevoir d'argent ? Par exemple, en tant qu'institut de santé publique, vous ne voulez pas recevoir d'argent de l'industrie du tabac. Je me souviens également de l'exemple de certains musées internationaux, comme le British Museum à Londres, qui ont été critiqués après avoir accepté des dons de la Fondation Sackler. Cette fondation était liée à des acteurs pharmaceutiques qui, à leur tour, étaient impliqués dans l'épidémie d'opioïdes aux États-Unis. La prudence est indispensable dans ce genre de cas.

Comment avez-vous apprécié votre visite et les lectures lors de l'hommage à votre père en septembre ?

Ma famille a été ravie d'être invitée à l'hommage rendu à mon père et l'a beaucoup apprécié. C'est très généreux de la part de l'ITM de donner le nom de mon père au programme. Le lien avec l'IMT représente également beaucoup pour moi personnellement.

Vous avez pris votre retraite du CDC en 2020. Cela vous a-t-il incité à vous engager dans la philanthropie ?

Je ne me considère pas comme un philanthrope, mais je fais du bénévolat.  Je suis devenu membre du conseil d'administration d'une fondation familiale privée. J'exerce également des activités de conseil, d'écriture et d'enseignement. Je révise des manuscrits, des résumés de conférences, etc. Depuis que j'ai pris ma retraite du CDC, j'ai donné un certain nombre de conférences pour l'IMT et j'ai relu les thèses d'étudiants en master et en doctorat - j'ai toujours aimé faire cela.