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Déchiffrage des secrets de Leishmania

Un nouveau regard sur les stratégies de survie des parasites
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Le parasite mortel leishmania est connu pour sa capacité d’adaptation aux médicaments grâce à des mutations lui permettant de developer une resistance.  Des experts en Parasitologie Moléculaire de l’Institut de Médecine Tropicale (IMT) d’Anvers ont découvert un autre moyen permettant au parasite d’échapper au traitement: la tolérance médicamenteuse. Ceci peut entraîner de sérieuses complications. Tous les ans, le parasite leishmania cause une maladie léthale ou stigmatisante touchant plus de 300,000 individus dans le monde, y compris dans plusieurs pays du Sud de l’Europe. La découverte des chercheurs vient d’être publiée dans le journal spécialisé “Frontiers in Cellular and Infection Microbiology”.

Les rares médicaments efficaces contre Leishmania sont menacés par l’émergence de résistance médicamenteuse. Ce problème bien connu est cause par des mutations génétiques qui réduisent la susceptibilité du parasite face aux médicaments, par exemple en bloquant l’entrée des médicaments dans le parasite. Le Professeur Jean-Claude Dujardin, responsable de l’Unité de Parasitologie Moléculaire et auteur senior de l’étude explique: “Quand nous souffrons d’une maladie infectieuse, notre médecin nous recommande de terminer la boite d’antibiotiques pour prévenir la résistance au médicament et l’échec thérapeutique. Notre nouvelle étude révèle une autre voie suivie par  Leishmania pour survivre au traitement médicamenteux. Lors de l’exposition à des doses majeures de médicament, la plupart des parasites meurent, mais un petit nombre parvient à survivre en s’installant dans un profond sommeil appelé quiescence. Quand le traitement est arrêté, les parasites survivants se réveillent, se multiplient à nouveau et réactivent la maladie”.

La quiescence: graine de vie

La quiescence est un processus universel que certains scientifiques appellent ‘la graine de la vie’. Le Professeur Dujardin poursuit: “Tout comme les graines permettent aux plantes de survivre à des conditions difficiles durant des années, nous, humains portons aussi des cellules dormantes, les cellules souches, qui se réveillent pour donner des types spécifiques de cellules, quand c’est nécessaire. Les parasites opèrent de la même manière et peuvent ainsi infecter notre corps durant notre vie toute entière: ils deviennent nos fidèles compagnons”.

Les parasitologues de l’IMT sont reconnus dans le monde entier pour leur expertise dans les mécanismes utilisés par les parasites pour s’adapter. La Dr Malgorzata Domagalska, qui dirige la recherche expérimentale sur Leishmania à l’IMT et co-auteure de l’article, insiste: “La présence de parasites survivants quiescents et tolérants aux médicaments démontre le fantastique pouvoir d’adaptation des pathogènes et notre vulnérabilité pour les combattre. En tant que scientifiques, nous devons être créatifs et franchir le prochain pas dans la course à l’armement contre les parasites. La recherche fondamentale d’aujourd’hui est le support des innovations de demain. Un de nos objectifs est de découvrir les facteurs moléculaires qui dirigent la quiescence et trouver des moyens pour les bloquer.  Ceci pourrait ouvrir les portes à une nouvelle génération de médicaments qui pourraient cibler les parasites quiescents et balayer une des plus importantes maladies négligées.”

La lutte contre la leishmaniose

Leishmania, est un parasite unicellulaire des humains et animaux; il est réputé parmi les scientifiques biomédicaux  pour sa capacité à coloniser différents types d’environnement et résister à de multiple stress, y compris la pression médicamenteuse. Le microbe cause la leishmaniose, une des plus importantes maladies parasitaires, après la malaria. Le parasite est transmis par la piqure d’un insecte vecteur (le phlébotome) et, chaque année, il cause une maladie léthale ou stigmatisante chez plus de 300,000 individus, dans 88 pays de par le monde (y compris plusieurs pays d’Europe du Sud, du Portugal à la Turquie). Cependant, la maladie est fortement négligée, car elle touche essentiellement les pauvres des pays les plus pauvres: il n’y a pas de vaccin et l’arsenal médicamenteux est limité.  

Marlene Jara, Jorge Arevalo, Alejandro Llanos-Cuentas, Frederik Van den Broeck, Malgorzata Anna Domagalska and Jean-Claude Dujardin. Unveiling drug tolerant and persister-like cells in Leishmania braziliensis lines derived from patients with cutaneous leishmaniasis. Frontiers in Cellular and Infection Microbiology, 2023, Vol 13, https://doi.org/10.3389/fcimb.2023.1253033

http://journal.frontiersin.org/article/10.3389/fcimb.2023.1253033/full?&utm_source=Email_to_authors_&utm_medium=Email&utm_content=T1_11.5e1_author&utm_campaign=Email_publication&field=&journalName=Frontiers_in_Cellular_and_Infection_Microbiology&id=1253033  

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