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La propagation de virus à l’intérieur des parasites dessine un avenir sombre pour la lutte contre les maladies tropicales

La destruction de l'environnement et les migrations augmentent la propagation des agents pathogènes
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Cela rappelle les poupées russes gigognes : les virus se nichent dans les parasites, qui se nichent à leur tour dans les humains, les autres mammifères et les insectes. Des chercheurs de l'Institut de Médecine Tropicale (IMT) d'Anvers et de l'Institut Rega pour la recherche médicale (KU Leuven) étudient l'émergence de virus au sein des parasites dans les forêts tropicales du Pérou et de la Bolivie. En examinant leur composition génétique, ils ont trouvé des indices du lien avec les activités humaines et de leur influence sur la propagation des maladies tropicales. Cette recherche a été publiée dans la revue scientifique Nature Communications.

Au cours des trois dernières décennies, l'IMT sous l’impulsion du Professeur Jean-Claude Dujardin et des collègues péruviens et boliviens ont rassemblé une collection unique de parasites des forêts tropicales. Senne Heeren, biologiste et premier auteur de l'étude, a redonné vie aux échantillons congelés et a déchiffré la composition génétique des parasites et de leurs virus. Un groupe international de scientifiques dirigé par l'IMT a ensuite reconstitué l'histoire évolutive de ces microbes. Les résultats donnent un premier aperçu de la fréquence et de la propagation des virus au sein des parasites et de leur influence sur la propagation des maladies tropicales.

"Ce qui est fascinant avec les virus, c'est qu'ils peuvent infecter n'importe quelle forme de vie sur terre", déclare le Dr Frederik Van den Broeck, chercheur principal de l'étude et lauréat du prix Boehringer Ingelheim de Parasitologie. "Le coronavirus et son impact direct sur notre santé sont bien connus, mais de nombreux virus ont également un impact indirect. Les virus de la leishmaniose, par exemple, se nichent dans le parasite Leishmania qui provoque la maladie tropicale négligée qu'est la leishmaniose."

"L'étude constitue un exemple rare de « poupées gigognes » naturelles, formées par des virus et des parasites, qui ont des répercussions sur la santé humaine", déclare Heeren. "Comprendre l'évolution non pas d'un, mais de deux organismes et établir des liens entre leurs histoires évolutives représentait un défi considérable."

Au Pérou, les chercheurs ont découvert un groupe important de parasites hébergeant un large éventail de virus, tant en termes de nombre que de diversité. Heeren explique : "Le virus passe facilement d'un parasite à l'autre lors de la reproduction de ce dernier, comme une sorte d'infection sexuellement transmissible des parasites. C'est inquiétant, car nous associons la présence de ces virus à des échecs thérapeutiques et à de graves problèmes de santé."

Les virus et les parasites se répandent dans de nouvelles régions

Les chercheurs pensent que les parasites Leishmania et leurs virus étaient à l'origine limités à certaines parties des forêts tropicales humides. En raison de la destruction de l'environnement, de la lutte contre la drogue et de la guérilla, et de la migration vers les forêts tropicales humides pour l'agriculture et l'exploitation minière, ces parasites et virus se sont répandus dans de nouvelles régions. Cette évolution a entraîné une augmentation de la fréquence et de la propagation de la collaboration néfaste entre les parasites et certains virus. Cela constitue une menace pour la santé humaine et animale. 

"Nous avons étudié une alliance microbienne connue, mais imaginez combien d'autres virus et parasites sont affectés par le changement climatique, la mondialisation et les migrations humaines. Il est nécessaire de poursuivre les recherches sur d'autres poupées gigognes naturelles inconnues et sur leur impact sur la santé humaine, animale et des écosystèmes", conclut Van den Broeck.

La recherche a été financée par le Fonds pour la recherche scientifique (FWO) et la Direction générale de la coopération au développement (DGD).

Heeren, S., Maes, I., Sanders, M. et al. Diversity and dissemination of viruses in pathogenic protozoa. Nat Commun 14, 8343 (2023). https://doi.org/10.1038/s41467-023-44085-2

L'IMT étudie les maladies négligées sur le terrain et en laboratoire

La recherche se concentre sur l'alliance entre les Leishmaniavirus vivant à l'intérieur du parasite Leishmania, l'agent causal de la maladie tropicale négligée qu'est la leishmaniose. Les personnes atteintes de cette maladie sont mises au ban de leur communauté en raison de la stigmatisation associée à la malformation cutanée. Le Dr Van den Broeck a ajouté : "La leishmaniose est l'une des 20 maladies tropicales dites ‘négligées-, qui comprennent également la maladie du sommeil, la lèpre et la rage. Ces maladies surviennent principalement dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires et touchent les personnes vivant dans la pauvreté et/ou dans de mauvaises conditions sanitaires. Le terme 'négligé' vient du fait que ces maladies n'ont qu'une faible priorité dans l'agenda mondial de la santé". L'IMT lutte activement contre cette négligence depuis des décennies par des recherches sur le terrain et en laboratoire.

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