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L'expansion de l'urbanisation est une menace pour les soins maternels en Afrique

Des chercheurs de l'IMT ont étudié comment près de 20 000 femmes issues de 22 grandes villes africaines ont utilisé les soins de maternité.
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Dans de nombreux pays africains, le nombre de naissances dans les établissements de santé augmente, mais la qualité des soins ne s’améliore pas. En conséquence, un plus grand nombre de mères décèdent en raison de la mauvaise qualité des soins plutôt que d’un accès insuffisant à ceux-ci. Des chercheurs de l’Institut de médecine tropicale (IMT) d’Anvers ont étudié comment près de 20 000 femmes issues de 22 grandes villes africaines ont utilisé les soins de maternité. Cotonou et Accra ont obtenu les meilleurs résultats, Nairobi et Ndjamena les plus mauvais.

D’ici 2050, deux tiers de la population mondiale vivront dans des villes. L’ampleur et la rapidité de l’urbanisation constituent un défi pour les systèmes de soins de santé, notamment ceux destinés aux mères et à leurs nouveau-nés. À ce rythme, nous ne serons pas en mesure de réduire la mortalité maternelle mondiale d’ici 2030. Si nous voulons augmenter la survie et le bien-être maternels, nous devons combler les lacunes critiques en matière de soins maternels dans des contextes d’urbanisation rapide et tirer les leçons du passé. C’est pourquoi les chercheurs de l’IMT ont étudié les soins de maternité dans les plus grandes villes africans. En collaboration avec des co-auteurs provenant de neuf villes parmi celles étudiées, ils ont pour la première fois classé celles-ci en fonction du contenu des services et des soins.

Les chercheurs ont examiné 17 éléments différents pendant la grossesse, l’accouchement et la période postnatale. Ils ont étudié l’accessibilité aux soins et leur utilisation, si les femmes ont reçu des soins prénataux, si elles ont accouché dans une structure de soins ainsi que ce qui s’est passé pendant ces interactions. Par exemple, leur tension artérielle a-t-elle été mesurée et ont-elles été examinées après la naissance ?

« J’ai été surpris que les performances de mon pays, la Guinée, soient à la traîne. D’une part, les épidémies comme Ebola, COVID-19 et la rougeole jouent un rôle dans ce domaine. D’autre part, nous avons tellement investi dans le système de santé que je m’attendais à de meilleurs chiffres. Avec l’urbanisation rapide, nous devons continuer à investir et à innover dans les soins de maternité. Notre coopération avec l’IMT dans le cadre du programme de renforcement des capacités avec la Direction générale Coopération au développement et Aide humanitaire (DGD) pour réduire la morbidité et la mortalité maternelles et néonatales, en est un bon exemple», a déclaré le Dr Alexandre Delamou, professeur agrégé en santé publique et directeur d’Africa Centre of Excellence for Prevention and Control of Transmissible Diseases (CEA-PCMT) à l’université Gambal Abdel Nasser de Conakry, en Guinée.

Des différences remarquables entre les villes

Les résultats montrent que certaines villes obtiennent de bons résultats. Dans ces villes, la plupart des femmes ont accès aux soins de santé et les reçoivent rapidement. Par exemple, Cotonou au Bénin et Accra au Ghana ont relativement bien réussi à concilier les services et à limiter les lacunes. Les résultats obtenus dans la plupart des villes ne sont toutefois pas réguliers. Les femmes ont reçu des soins prénataux, mais n’ont pas toujours bénéficié de toutes les interventions importantes ou ont accouché dans des structures de soins de santé, mais en sont sorties trop tôt pour être correctement examinées en vue d’éventuelles complications.

Le Dr. Aduragbemi Banke-Thomas, maître de conférences en santé publique à l’université de Greenwich et l’un des coauteurs du rapport déclare : « Cette analyse est la première du genre et fournit des éléments très utiles pour aider les villes à aller de l’avant. L’approche comparative nous permet de remettre en questions les villes modèles pour en tirer des enseignement et restructurer les systèmes de santé. » Banke-Thomas étudie la santé maternelle à Lagos au Nigeria, depuis de nombreuses années. Il ajoute que la ville a toujours été connue pour le nombre élevé d’accouchements dans les cliniques privées. « Cette étude prouve que Lagos est une aberration au sein des grandes villes », dit-il. Contrairement à Kampala, où un grand nombre de femmes accouchent dans des établissements de santé publics. Catherine Birabwa est doctorante à l’IMT et étudie la santé maternelle à Kampala. Selon elle, le gouvernement ougandais souhaite réduire la charge de morbidité en se concentrant sur les soins de maternité en milieu urbain. « Kampala obtient de bons résultats en ce qui concerne l’étendue et la fourniture de soins d’accouchement et de soins postnatals, mais pas en ce qui concerne les soins aux femmes enceintes. Ces nouvelles informations aideront la ville à améliorer ses efforts. Les résultats contribuent également à une étude de suivi sur l’organisations institutionnelle de la santé maternelle. »

Lisez l'étude complète sur BMJ Global Health.

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