La présence d'antibiotiques dans les aliments, même en quantités légalement autorisées, peut entraîner une résistance.

Les résidus d'antibiotiques légalement autorisés dans les aliments peuvent entraîner une résistance aux antibiotiques. C'est ce que révèle une nouvelle étude de l'Institut de Médecine Tropicale (IMT), publiée dans Scientific Reports. Pour la première fois, une équipe de chercheurs a mis en évidence que même de très faibles doses d'antibiotiques légalement autorisés et jusqu’ici considérés comme sûrs peuvent provoquer une résistance chez les bactéries de l'intestin humain.
L'étude est partie du constat que des bactéries résistantes avaient été détectées chez des personnes n'ayant pas pris d'antibiotiques pendant plusieurs années.
Les études précédentes ont été réalisées principalement en laboratoire (in vitro) et ne reflètent pas toujours ce qui se passe dans l'organisme. Cette étude teste pour la première fois les effets des résidus d'antibiotiques chez l'être humain (in vivo).
Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la résistance aux antibiotiques est l'une des plus grandes menaces pour la santé mondiale. Un nouveau rapport de l'OMS, publié le 13 octobre, révèle qu’en 2023, une infection bactérienne sur six confirmée en laboratoire était résistante.
Les antibiotiques sont utilisés dans le monde entier dans l'élevage et la pisciculture. Par conséquent, de petites quantités peuvent rester dans les aliments, généralement dans les limites maximales de résidus (LMR) autorisées par la loi. Ces limites sont basées sur la dose journalière admissible (DJA), c'est-à-dire la quantité d'antibiotiques qui peut être absorbée quotidiennement tout au long de la vie sans effets néfastes sur la santé.
Mais selon l'étude, même ces quantités autorisées peuvent être dangereuses. Non pas parce qu'elles sont toxiques pour l'être humain, mais parce qu'elles favorisent la résistance des bactéries aux antibiotiques.
Une étude clinique met en évidence un risque lié aux faibles doses d’antibiotiques
Dans le cadre d'une étude clinique, 20 volontaires en bonne santé ont reçu quotidiennement pendant quatre semaines la DJA de la ciprofloxacine, un antibiotique largement utilisé dans le monde. Un groupe témoin de 10 participants a reçu un placebo.
Les résultats étaient clairs: la quantité d'antibiotiques légalement autorisée dans l'alimentation aujourd'hui a provoqué l'apparition de bactéries résistantes chez les participants. Les chercheurs ont constaté l’émergence d’une résistance de la bactérie Escherichia coli (E. coli), très répandue dans l’intestin. En outre, le microbiome intestinal a été perturbé : certaines espèces bactériennes bénéfiques ont diminué, tandis que d'autres ont augmenté.
« Des recherches antérieures ont montré que l'utilisation d'antibiotiques dans l'élevage et la pisciculture peut entraîner l'apparition de bactéries résistantes qui peuvent ensuite être transmises à l'être humain. Nos recherches mettent en lumière une cause plus directe : même de petites quantités d'antibiotiques dans notre alimentation peuvent rendre les bactéries de notre organisme résistantes », explique Chris Kenyon, Professeur à l'IMT et dernier auteur de l'étude. « En d'autres termes, le problème ne se pose pas seulement à l'extérieur de nous, mais aussi à l'intérieur de nous ».
Appel à la révision des normes
Les chercheurs soulignent que les règles actuelles en matière de sécurité alimentaire ne tiennent pas suffisamment compte de cette réalité. Ils appellent donc à une révision des politiques afin de ralentir la progression des bactéries résistantes.
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